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Economie - 3

Entre le 10è et le 14è siècles les républiques maritimes italiennes se livrent une guerre économique impitoyable. En effet elles conspirent le renversement de leur gouvernement, elles attaquent leur port, elles opèrent des razzia sur les côtes ennemies, mènent des guerres de courses (pillage), commettent des actes de piraterie, font en sorte d’exclure du marché leur concurrent ; bref, elles ne s’épargnent rien. Et la sérénissime république de Venise est surement la plus avisée. En effet elle est tour à tour violente et ?? et réussit à étendre son domaine maritime en Méditerranée. Au zénith de sa puissance Venise connaît tous les recoins de la mer Adriatique (qui remonte jusqu’au nord de l’Italie par l’est) et dans cette région elle tient à distance tous les concurrents, y compris son ancienne maîtresse, Constantinople, la capitale de l’Empire byzantin. En effet, la république de Venise est au départ un vassal de l’empire byzantin. D’ailleurs, en 1204 Venise détourne la 4è croisade pour piller Constantinople. Ainsi, après cette date, pendant près de 3 siècles Venise est la maîtresse des routes maritimes méditerranéennes dans sa partie orientale. C’est sa flotte qui domine les eaux.

En face de Venise il y a la superbe république de Gênes. C’est la principale concurrente de Venise mais, lorsqu’il s’agit de faire un bilan de ces deux républiques lorsqu’elles se battent on se rend compte que Gênes est souvent vaincue. En effet les génois, contrairement aux vénitiens, ne tiennent pas leur mer (tyrrhénienne), qui est beaucoup trop grande. Et les autres républiques, comme celles de Pise, Ancone??etc, elles existent mais ne font pas le poids, même si chacune dans l’histoire vont avoir leur heure de gloire. Si elles essaient de temps en temps de se mesurer c’est à chaque fois une catastrophe.

Plus ou moins dirigée par des marchands regroupés en corporations, les républiques italiennes sont aux premières lignes contre la piraterie en Méditerranée et contre l’empire musulman qui s’étend. Ainsi nos républiques italiennes en première ligne vont cherche à développer leur commerce face à tous ces obstacles et vont trouver un moyen très subtil pour exister face à Constantinople en se positionnant comme des intermédiaires incontournables entre la demande européenne et l’offre mondiale (africaine, asiatique surtout avec la fameuse route de la soie). Opportunément les croisades organisées par les puissances de l’Europe occidentale vont permettre à leurs républiques italiennes de renforcer leurs position, notamment en Méditerranée.

Donc nos républiques marchandes sont par définition expansionnistes. Pour cela elles n’hésitent pas à inciter leur population à émigrer vers de nouvelles places conquises en orient. Elles vont créer sur le pourtour méditerranéen des bases, des colonies etc pour mener leurs affaires.

I. La concurrence des républiques italiennes

La république d’Amalfi serait la plus ancienne. En effet ses relations commerciales avec Byzance et l’Egypte remontent avant l’an 1000. Ces marchands commercent en Méditerranée aux côtés de leurs homologues arabes, byzantins qui sont majoritaires. Amalfi échange avec ces puissances des céréales, du sel et des esclaves, contre surtout des soiries. Lorsque Jerusalem tombe aux mains des croisées on retrouve des amalfitains dans la ville. Ils sont à l’origine de l’ordre hospitalier Le déclin d’Amalfi commence à partir de 1131 lorsque le normand Roger de Sicile va conquérir leur cité.

C’est en 1343 qu’on ne parle plus de la ville : la nature s’acharne et un ras de marée va raser sa ville et son port. Quel héritage ? Les amalfitains, même s’ils ont disparu de la compétition commerciale autour du 11è siècle, ont laissé derrière eux les tables amalfitaines qui vont servir de base juridique au droit maritime jusqu’en 1570. Ils vont répandre (même si on pense pas qu’ils l’aient inventé) l’usage de la boussole pour se repérer en mer.

Amalfie, quand elle régresse, Pise, république italienne, progresse. En effet Pise domine ses voisines, devient la cité montante, et dirige des coalitions militaires et commerciales pour s’imposer. Elle est suffisamment forte en 1016 pour chasser les pirates sarazins de Mudjahid. Parmi ses alliés on compte la ville de Gênes. Pise s’impose dans le jeu : c’est elle qui prend l’avantage au 11e sur les voies maritimes en mer tyrrhénienne. Forts de leur puissance les pisans vont refuser de partager la Sardaigne, qu’ils ont délivré de la piraterie, avec leurs alliés. Ils vont même réclamer d’autres territoires. Ainsi, en 1052, Pise va prendre le contrôle de la Corse au détriment d’une de ses alliées : la petite ville de Gênes. Quelques années plus tard les pisans, avec l’aide des normands, vont prendre Palerme (Sicile) qui est à ce moment-là sous domination musulmane. Pise se répand et la puissance de Pise est si importante qu’elle n’hésite plus à louer sa propre flotte de guerre dans des opérations de mercenariat : par exemple en 1092 c’est le pape Urbain II qui va reconnaître la souveraineté de Pise sur la Corse et la Sardaigne en contrepartie de mettre à disposition sa flotte aux croisés dès la première croisade. Sur le passage les pisans en profitent pour piller quelque villes byzantines et vont installer, comme fera Venise plus tard, des centres d’affaire en orient, notamment dans la ville d’Acre, Antioche, Tripoli, Césarée et même de Jérusalem.

Autrement dit, la république de Pise profite de la croisade en orient pour consolider ses implantations autour de la Méditerranée même sur des zones non couvertes par les croisades. Ils vont s’implanter jusqu’au Caire et Alexandrie. Elle obtient des avantages, dans le cadres de privilèges, souvent des décharges fiscales. Comme elle s’installe dans des ports, et en contrepartie de ces décharges fiscales Pise s’engage à défendre les ports de ses villes. Pise gère assez bien son ambition mais commet des maladresses, qui vont conduire à susciter des jalousies.

En 1204, lors du sac ?? de Constantinople (croisé + vénitiens) la destruction des infrastructures byzantines va lourdement déstabiliser ces activités commerciales en orient. 80 ans plus tard, lorsque les génois reprennent aux vénitiens le commerce de l’empire, ils vont en profiter pour prendre leur revanche contre Pise, 200 ans plus tard. Ainsi en 1284 Gênes va rentrer en guerre contre Pise, battue à la bataille de Maloria (??). Là c’est terrible : Pise perd sa flotte militaire et se voit contrainte de céder à Gênes la Corse et toute une partie de la Sardaigne. Comme on tire sur l’ambulance, en 1290 Gênes ré-attaque Pise et définitivement exclue cette cité du jeu international en détruisant tout simplement son port, après avoir perdu sa flotte. Bref, le jeu est fait pour Pise qui est écartée définitivement du commerce orientale de la Méditerranée et même de la guerre économique des cités E. En 1402 la cité est même vendue à la république de Florence après avoir été vendue au Duc de Milan en 1399.

La véritable bataille pour la suprématie économique se joue entre le génois et Venise. Les génois plus innovants et audacieux aiment le risque. C’est à Gênes que l’on frappe la première monnaie en or, en 1252. C’est aussi là-bas qu’on inaugure les assurances maritimes à un tarif abordable. A côté de Gênes, Venise apparaît comme une cité assez conformiste, et est même perçue par Gêne comme une cité tournée vers son arrière-cours orientale. Ce qui n’empêche pas une rivalité économique tout en étant alliées de circonstance.

En effet les mêmes cités appartiennent au clan de guelfes qui, plus largement, appartiennent au parti de la papauté face aux partisans de l’empereur. Bref, autour du 11è siècle, les forces entre Venise et Gênes sont équilibrées, et Venise va finir par réussir à s’imposer. Mais comment ?

Déjà, sans doute, à cause de Gênes qui a trop confiance en elle et n’a pas forcément les moyens de son ambition. En effet la mer tyrrhénienne ne lui suffisant pas, elle va se laisser à la conquête de l’or dans les terres, en remontant vers les Alpes. Bref, ces commerçants vont beaucoup trop loin. En 1250 deux frères génois, Vadina et Ugonin ?? Vivaldi prennent la direction de l’Amérique, qu’ils ne verront jamais.

Les génois comprennent que la route de l’Atlantique n’est pas encore possible, mais la route vers le nord est elle tout à fait possible. Ils vont établir des liaisons maritimes commerciales avec les réseaux de la ville de la Hanse. Le gouvernement de la superbe république de Gênes ne sert qu’à ça : augmenter les profits des marchands. Le but ultime est d’assurer, par tous les moyens, la prospérité du commerce, et tous les moyens sont bons pour y parvenir. Cad que Gênes n’a pas comme Venise l’hypocrisie de couvrir de moralité ses actions, soudoie ouvertement ceux qu’elle souhaite avoir dans son camp. Tout prendre est un objectif acceptable pour eux.

S’enrichir veut dire prendre possession de la Méditerranée. Seulement les Génois plus ils sont forts, plus ils attirent la jalousie comme Pise. Plus grave : ils commencent à être contesté au sein de la mer tyrrhénienne. Genes n’hésite pas à répondre en détruisant les ports de ses alliés. Mais malgré la répression et la destruction elle ne réussit pas à s’imposer, c’est beaucoup trop vaste pour elles. La république est incapable de faire entendre ses propres citoyens. Les luttes intestines freinent l’expansion de la république. Les génois sont beaucoup trop individualistes, trop avides pour soutenir leurs cités. Bref, Gênes sait mieux commander aux autres qu’à ses propres enfants, et c’est là toute sa tragédie. Et cela devient grave lorsque son gouvernement est conquis par un clan qui va, en retour de cette conquête de gouvernement, profiter de sa position de force pour mettre la république au seul service de ses intérêts particuliers.

Ainsi un clan qui contrôle Gênes se réserve les meilleurs contrats, engrange ainsi les meilleurs profits et donc les plus gros bénéfices et surtout s’exempte au maximum de toutes les taxes. Certes, tous les citoyens de toutes les républiques le veulent, mais on atteint ici des sommets. Les tensions sont si grandes entre les familles qui luttent pour le pouvoir que la ville se fortifie à l’intérieur comme à l’extérieur, c’est-à-dire que tous les clans génois sont prêts, à l’intérieur de la ville, à se défendre militairement contre son voisin : c’est la folie.

A l’inverse Venise, elle tient ses marchands, même si elle est commandée par eux, ce qui pousse ces marchands à adopter un esprit d’équipe et à élever leur pensée au niveau de l’intérêt de leur cité. Ainsi ces marchands, s’ils sont prêts à tout, il y a une chose qu’ils ne discutent pas : il ne faut pas mettre en danger l’avenir de Venise, leur cité.

Début 14è la république de Venise va fabriquer elle même ses navires au sein de son arsenal, qui s’agrandit au fur et à mesure des commandes de plus en plus importantes. L’E vénitiens met alors les bateaux à disposition de ses marchands. La république qui va louer ses bateaux va imposer son capitaine sur chacun d’entre eux, pour rappeler qu’il n’est pas à celui qui l’utilise. En cela, pendant le voyage, le capitaine de navire est mis à également du promoteur, du spéculateur, du marchand, ce qui créée un climat de solidarité pour les intérêts supérieurs de Venise. Les galères vénitiennes vont assurer à chaque citoyen de Venise la possibilité d’investir dans le négoce et donc de s’enrichir. Au lieu d’utiliser l’argent pour construire des navires, l’utiliser pour spéculer, c’est la logique.

Dans la réalité c’est un égalitarisme de façade qui va donner l’avantage aux puissants, à l’aristocratie républicaine. En effet la prise en charge par l’E de la construction des navires permet aux riches de ne pas financer eux-même, de leurs deniers, le maintien des navires. C’est la même logique de la gratuité des université, votée par les républicains : c’est la république qui prend en charge ce que des personnes riches peuvent faire.

Les marchands vénitiens ont une indéniable supériorité. Venise a une véritable stratégie maritime fondée sur une flotte militaire efficace et ses ports. Ses navires, démontables, sont tout autant rapidement montables et sont en capacité de se projeter à l’extérieur pour protéger la marine marchande vénitienne. La république de Venise fait du commerce le fondement de l’E vénitien et pour cela elle organise au mieux ses infrastructures portuaires et leur répartition en Méditerranée.

Ces cités portuaires, que Venise installe, sont créées avec ou sans le consentement des populations locales.

La stratégie de puissance de Venise est aussi terrestre. Elle a un objectif : s’obtenir le monopole du sel. Elle ne tolère pas que les villes et les campagnes de sa régions fournissent, ailleurs que chez elle, le sel. Elle exige que le sel passe par son port. Ainsi Venise va imposer, même aux cités qu’elle domine, de ne pas acheter d’autres marchandises que celles qui passent par son port. Bien sûr, avec de telles prétentions, Venise doit de temps en temps subir des révoltes, mais Venise comme Gênes n’hésite pas à répondre par les armes, quitte ensuite à faire des traités qui seront toujours de plus en plus inégaux en faveur de Venise. Ainsi les villes de Padoue, Trévise, Véronne, Mantoue, Bologne, Ravène ??, etc, vont devenir les vassaux, parce que Venise impose son monopole.

Mais le monopole perpétuel auquel Venise prétend l’a conduit à une guerre civile perpétuelle, à moins que dès le départ Venise réussisse à contrôler les sources du commerce du sel. Pour Venise, la contre bande est simplement le commerce libre du sel, qui substiste à la marge du commerce.

On voit la stratégie monopolistique que Venise tient sur terre, le réseaux qu’elle impose sur la Méditerranée, elle s’impose face à ses rivaux dans la guerre commerciale en n’hésitant pas à envoyer son armée pour détruire les installations de ses concurrents et, si on est dans des régions de production, à imposer des quotas. Pour être sûrs de bien maîtriser le marché Venise préfère jusqu’à fermer ses propres salines pour aller mettre la main sur les productions salines de l’autre côté de la Méditerranée. A ce jeu-là Venise va ruiner tout le nord de la mer Adriatique qui, justement, a fait fortune au départ par la vente du sel. A force d’aller toujours plus loin les sources du sel elle va s’installer en Crimée, a Ibiza, en Chypre, etc. Plus elle va loin, plus elle offre d’activités à sa flotte marchande, ce qui lui permet de transporter encore plus de marchandises, contrôlant la production et in fine le prix.

Le tarif élevé du sel permet de subventionner l’achat des épices et d’autres produits de luxe qui viennent de l’orient. Cette politique commerciale est mise en musique par « l’office du sel », qui a réfléchit sur la stratégie commerciale et économique de Venise. L’une de ses ambitions est de faire place nette, éliminer les produits concurrents, anéantir les productions des concurrents sinon au moins en limiter drastiquement les quotas. Pendant 3 siècles il faut constater que cela fonctionne : Venise a réussit à s’imposer en Méditerranée orientale à faire disparaître toute concurrence.

Grande différence avec Gênes : Venise a des ambitions, oui, mais se donne les moyens, ce que Gênes ne fait pas. Venise va miser in fine de la diplomatie pour imposer ses marchands. En effet, maîtriser les mers, juridiquement, c’est maîtriser le commerce international. Lorsque la prétention de Venise est clair, la relative paix ou alliance entre Venise et Gênes va disparaître. Les deux cités vont rentrer dans une lutte à mort, s’affronter économiquement et militairement. Cette rivalité commence à partir de 1250, c’est-à-dire au moment où Pise disparaît de la circulation. Venise frappe à très grand coup en 1204 lorsqu’elle détourne la croisade pour piller Constantinople. Gênes a alors peur : la petite Venise qu’elle méprisait n’est pas si ridicule que ça. Genes a peut que les vénitiens prennent le marché des byzantins, alors elle va se jeter corps et âme dans sa guerre contre Venise et envoyer sa flotte militaire.

Au départ Gênes va soutenir tous les ennemis, extérieurs et révoltés, contre la domination vénitiens. En 1260 Gênes va prendre le parti de Michel VIII Paléologue, qui est un usurpateur qui cherche à conquérir le trône byzantin. Donc Gènes va chercher à faire un coup d’État dans l’empire byzantin pour ainsi écarter Venise de Constantinople. Le traité passé entre Michel VIII et Gênes est fait : il devra donner toutes les places fortes à Gênes, en transmettant un surplus de places, et accorder les avantages commerciaux de Venise en méditerranée à Gênes, qui revendique du coup Thessalonique etc, des grands ports. Gênes demande des franchises douanières pour tous ses marchands, avec une exclusion même des vénitiens du marché byzantin. Gênes, en position de force, tente le tout pour le tout. Venise va perdre la partie pour un temps.

Gênes réussis à imposer Paléogoue, ce qui va donc gêner la sérénissime république. Les génois vont alors faire la même erreur que les pisains : ils vont abuser des avantages et vont déclancher, plus que la jalousie, la colère de la population locale en pillant les byzantins. Michel VIII, une fois sur le trône mais pas tout à fait stable, va se rapproche de Venise pour mettre en concurrence Gênes. Là cette opération de diviser pour mieux régner va, au départ même si bien accueillie des vénitiens, va être refusée par Venise. Ainsi Michel va encore renforcer la position de Gpenes en 1398 (??) et lui offre sur un plateau d’argent tout le commerce international. Bref, pour tout le monde, Venise s’est finie.

Mais il y a un coup de théâtre qui sera terrible : en 1379 Venise est directement menacée par la flotte militaire de Gênes, et ça ne rigole plus. Les vénitiens ont compris que leur fin est proche. Alors Venise va se reprendre et se lancer à corps perdu contre Gènes. L’insistance des vénitiens va renverser la situation au point que Gêne sa subit des défaites continuellement. Fin 14è Gêne, qui a perdu sa superbe, a signe une perte désastreuse au profit de Venise en renonçant à toute la partie Est de la Méditerranée. Ainsi Venise va récupérer un monopole par renonciation de Gênes sur toute la Méditerranée. Mais ce sera pour un temps : la fin du 14ème va être marquée par une nouvelle donne internationale : la découverte de l’Amérique. Les routes commerciales qui passaient par la Méditerranée vont se transformer. Les grandes puissances maritimes seront le Portugal, l’Espagne, l’Angleterre, la France et la Hollande. Louis XI va suivre l’enseignement de la rivalité de Venise et de Gênes pour penser la stratégie économique du royaume de France.

II. Le réseau de la Hanse

En Méditerranée c’est mortel : dans le nord de l’Europe c’est pareil. Il y a une vitalité commerciale tout aussi importante, néanmoins moins connu. Du 12è eu 17è siècle, quasiment sur la même période, va régner en maître absolu sur la mer du nord et la baltique, en raison de son réseau unique de marchands quasi-monopolistique le réseau de la Hanse. Il est dirigé, composé majoritairement d’allemands. Ils sont caractérisés par un très fort sentiment de solidarité entre eux, ce qui s’explique, souvent, par l’existence de liens de parenté entre les marchands de la Hanse. Les hanséates vont former une sorte de multinationale du commerce. Partout où ils se trouvent ils se serrent les coudes, se donnent toujours la priorité à l’un d’entre eux face à des étrangers. Le réseaux de ces hanséates est si puissant qu’il impose ses règles à ses concurrents : rien d’exceptionnel, c’est vrai. Mais là où le réseaux des hanséates est plus fort que celui des italiens est que les marchands allemands réussissent à s’imposer auprès des souverains, des rois. Le terreau de son expansion économique c’est la faiblesse des E. Les marchands vont prospérer là où les marchands vont s’affaiblir. Commercer avec la Hanse c’est se soumettre aux privilèges de ses membres, que l’on soit un roi ou non. La Hanse fait aussi des affaires mais rend aussi justice elle-même lorsque l’un de ses membres est impliqué dans un contentieux. On va voir quelle est la caractéristique d’un roi médiéval : c’est son pouvoir de rendre justice. Donc dès lors que des marchands rendent justice à la place du roi ils sont en train de déposséder le roi de son propre pouvoir.

Ainsi le réseau de la Hanse est tel qu’il emploie les grands moyens pour obliger les interlocuteurs à respecter les faveurs, les avantages dont elle jouit. En cela c’est un redoutable guerrier économique, à la fois capable de jouer la carte de la diplomatie que celle de la violence. Elle n’hésite pas de mener des opérations de blocus portuaire, et même des blocus continentaux, donc tout à fait en capacité de lever sa propre armée et donc faire la guerre à ses concurrents, y compris à des E, à des rois, si besoin était. Ainsi, ce qu’on appelle le réseaux de la Hanse, c’est une véritable ligue commerciale. Tout commence en 1241 quand la bourgeoisie marchande de Hambourg et de Lübeck vont s’unir pour renforcer leur poids économique. Voyant que cette alliance de marchands va apporter de bons profits, les marchands des villes entourant Hambourg et Lübeck vont s’associer et gonfler l’alliance. Ensemble, par ce processus d’expansion, ils vont former la ligue de la Hanse. En 1280, 40 ans plus tard, la ligue hanséatique va organiser déjà son premier blocus maritime. Qui va être la victime de ce premier blocus ? Bruges.

La ligue veut obliger les autorités de Bruges à appliquer leur privilèges commerciaux à ses membres dans la ville, c’est-à-dire que les hanséates puissent bénéficier des mêmes privilèges. Bruges ne veut pas, alors elle devra se soumettre militairement.

4 ans plus tard, après la réussit contre Bruges, les hanséates vont se prendre à la Norvège. La puissance des hanséates est telle que le roi va devoir s’incliner, et va même être contraint d’élargir les avantages commerciaux des marchands de la ligue.

Z=En 356la ligue est si forte qu’elle accueille pour la première fois la grande assemblée des villes hanséatiques. En s’organisant institutionnellement, la ligue hanséate s’assume comme un acteur politico-économique du nord de l’Europe. Sa puissance est telle, encore une fois, qu’elle est capable de parle d’égal à égal à des rois, alors que ce sont des marchands qui se sont unis. Il ne faut pas minorer les traités internationaux que la Hanse passe avec les souverains du nord de l’Europe : en effet avec le Danemark, par exemple, la ligue hanséatique va réussir à obtenir un droit de veto sur la désignation d’un roi – on ne peut pas devenir roi du Danemark sans avoir reçu le consentement de la ligue.

Que s’est-il passé ? En 1360 le roi danois Valdemar IV va s’emparer de la région de la Scalie ?? au détriment des suédois. Pour rembourser la guerre victorieuse le roi va augmenter les taxes sur les marchandises. Mais, quelques mois plus tard, le roi débarque sur une île qui appartient à la ligue, et là c’est l’erreur de trop, considéré comme un casus belle, une déclaration de guerre de la part du roi. Ainsi, toutes les villes de la ligue hanséatique vont suspendre leurs relations commerciales avec le royaume du Danemark et vont voter le blocus des ports. La Hanse va aller plus loin : elle choisit également une alliance militaire avec le roi de Norvège, mais aussi avec celui de Suède. En 1370, 10 ans après l’affaire de l’occupation de l’île, la ligue remporte la victoire sur Valdemar.

Que va obtenir la ligue ? Elle va déjà obtenir la liberté complète sur son trafic commercial dans les eux du royaume du Denamrk. Mieux que des avantages fiscaux elle va obtenir des exemptions de taxes ainsi que, de la part du roi danois, la direction de 4 places fortes et des revenus attachés. La Hanse devient une puissance militaire terrestre (alors qu’au départ seulement des marchands pour rappel).

Comme vu, la Hanse va également obtenir à l’issue de la guerre le droit de choisir l’héritier de Valdemar IV. On le comprend : la Hanse s’est positionnée comme souveraine économiqueent face au Danemark, la Norvège et un peu à la Suède.

La Hanse, dans les territoires des puissances soumises, ne va pas administrer directement les cités, qu’elle va laisser sous la gestion des princes locaux. Ils existent encore, ne sont pas encore remplacés, mais sont clairement soumis à l aligue. De sorte qu’on peut qualifier la ligue d’une sorte de multinationale informelle de marchands qui se montrent capables de mener des guerres aussi bien économiques que militaires. Ce sont souvent des succès, comme la guerre contre le Danemark.

Là, la ligue se sent pousser des ailes puisqu’elle va régner sur la mer du nord et la Baltique sans concurrence, elle va abuser de sa position et se sentir presque trop forte. C’est alors le début de la fin, comme Gênes. En 1388 nos marchands hanséates vont simultanément faire le blocus de la Flandre, de l’Angleterre et de la Russie vont être mis sous blocus par les marchands. En effet leur industrie drapière inquiète les marchands allemands. Les marchands britannique se plaignent à leur roi, Richard II (cf « être ou ne pas être », Shakespear) des avantages et des prétentions des marchands allemands. Ils vont donc demander à leur roi de lâcher des privilèges et demande à la ligue une liste complète de toutes les villes qui la composent, pour prétexte de ne pas donner de privilèges à des marchands étrangers qui ne font pas partie de ce réseaux de la Hanse. La ligue comprend la manœuvre et refuse de fournir ce document.

Alors le roi d’Angleterre va payer des corsaires, des pirates d’E, pour piller la flotter marchande des allemands. En réponse la ligue va saisir les biens anglais dans ses villes ; en retour le roi d’Angleterre va saisir tous les bien des marchands hanséats dans les villes anglaises. Les relations ne sont pas très bonnes mais la guerre ne sera jamais ouverte entre les deux parties. Elles comprennent toutes les deux qu’elles ont plus à gagner qu’à perdre. Un accord est trouvé à travers le commerce : le commerce anglais va pouvoir se renforcer dans les villes de la ligue et vont pouvoir former des commerces avec les hanséats en contrepartie que les allemands puissent commerce en Angleterre. Statut quo, donc, chacun profite mutuellement de l’autre. Le roi d’Angleterre a bien joué : c’est un pays profond, les allemands n’osent pas aller au-delà de la mer, tandis que les anglais, de l’intérieur, vont pouvoir reprendre la main sur le commerce allemand.

La Hanse est aussi en conflit avec la Flandre, et cela se termine au détriment de la Flandre. La ligue, trop gourmande, va braquer les villes flamandes en imposant de nouveaux privilèges pour ses commerçants. En réaction quasi-épidermique, les marchands allemands vont s’unir pour résister aux diktats commerciaux des marchands hanséats, et le fait qu’il y ait une stimulation commerciale va lancer dans la compétition du commerce international une population qui est restée dans son coin : les hollandais.

A l’est c’est aussi la guerre contre les Russes. A Novgorod les relations avec les populations entre les marchands allemands et les russes sont tendues car les marchands allemands vont abuser de leurs privilèges et multiplier les incidents, qui vont clairement jusqu’à des agressions physiques. Les russes vont finir par les détester. En 1367 lorsque l’ordre des chevaliers teutoniques se lancent dans la conquête de la région de Pskov (à Novgorod) les russes répliquent en saisissant les biens des marchands allemands. En réponse, la Hanse va rentrer en guerre dans le camps de l’ordre teutonique et va mettre à disposition de l’ordre sa marine militaire qui va interdire le commerce de la russie vers la Finlande et la Lituanie. Les allemands, en réussissant à étouffer économiquement le commerce et le marché russe, en 1392 la Russie s’incline. Le blocus a atteint son objectif. En position de force les marchands allemands renouvellent leurs droits et privilèges en Russie qui sont précisés : les hanséates obtiennent la liberté de leur commerce en Russie qui est garanti en cas de guerre de la Russie avec ses voisins.

Même si les allemands gagnent à partir du 15è siècle, la Hanse entame son déclin. L’abondance entraîne les villes à refuser certaines lois proposées par la ligue. La course au profit fait en sorte que certaines villes refuse la coordination, et à l’extérieur les principaux concurrents de la Hanse se renforcent jusqu’à gagner la capacité de concurrencer les allemands dans toute l’Euroe du Nord. A partir du 15è la Hanse tient une position défensive, limite ses appétits territoriaux et cherche à consolider ses positions qui commencent à s’effriter de l’intérieur.

Cette politique de défense ne peut marche que si les membres de la communauté sont soudés. Or ce manque des marchands allemands va coûter à la ligue, dans un contexte où le monde est en pleine évolution. Dans ce monde de la fin du MA les princes, qui étaient autrefois faibles et donc assez volontaires pour favoriser les marchands allemands, pour dynamiser la richesse de leurs fiefs, vont se renforcer parce que la féodalité décline : ils récupèrent le pouvoir. On arrive donc à un pouvoir central qui se renforce partout en Europe (et où la France est remarquable). Cela va conduire les princes à stimuler leurs intérêts au détriment des marchands allemands, et le pouvoir de la hanse décline à mesure que celle des princes augmente.

En bref : elle a pu parler d’égal à égal avec des rois mais la situation change radicalement à partir du 15è siècle quand les E s’affirment. Le premier prince à ne pas s’incliner devant les marchands allemands est le duc de Bourgogne, qui est en train de reconstruire la Lotharingie. Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, ne va pas se laisser faire face aux marchands allemands. Le rapport se force se termine en faveur du duc de Bourgogne. Le rapport militaire s’inverse et la ligue n’est plus capable de résister aux pressions de ce prince renaissant.

En Angleterre, au même moment, c’est le même scénario. Le roi se renforce. Les anglais ne sont plus condamnés à dépenser toute leur énergie à conquérir le royaume de France et peuvent se retourner contre les ambitions des marchands allemands.

A l’est à Tanenberg ??, l’ordre teutonique est défait. Mauvaise nouvelle pour la ligue, dont les marchands perdent leur commerce et leur privilège. On arrive au règne du Tsar Ivan IV le Terrible qui conduit au renforcement du pouvoir russe. Le marché se déplace vers l’Atlantique, et plus en méditerranée ou en Europe du nord. La ligue ne fait plus le poids face à ceux qui marchandent avec l’Amérique. Les marines royales sont prêtes à tenir le bras de fer, ce que les marchands allemands comprennent bien. Les E sont de retour à la fin du MA et leur autorité s’impose sur tous les marchands. La ligue s’écroule : s’en est fini du racket organisé.

C’est un paradoxe, car en effet la ligue n’était pas calibrée pour conquérir les richesses du nouveau monde. Elle maîtrisait le commerce du nord mais n’était pas capable de se projeter en Amérique. C’est avec l’écroulement du commerce des villes de la Hanse et, la nature ayant horreur du vide, ce sont les E qui vont remplacer la ligue dans les corporations commerciales : on entre dans l’ère moderne, où les E vont se faire une guerre impitoyable sur les marchés, marchés qui les conduit jusqu’en Amérique.

Le réseaux de la Hanse est mort de la même manière que le réseaux des cités E italiennes : il n’a pas pu s’exporter et résister au retour des E au MA.

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